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rangeai du parti de Lucifer et n’eus plus que l’ambition de le servir, l’envie de partager son sort.

» La guerre devenue inévitable, il la prépara avec une infatigable vigilance et toutes les ressources d’un esprit calculateur. Faisant des Trônes et des Dominations des Chalybes et des Cyclopes, il tira des montagnes qui bornaient son empire le fer, qu’il préférait à l’or, et forgea des armes dans les cavernes du Ciel. Puis il assembla dans les plaines désertes du septentrion des myriades d’Esprits, les arma, les instruisit, les exerça. Bien que secrètement préparée, cette entreprise était trop vaste pour que l’adversaire n’en fût pas bientôt averti. On peut dire qu’il l’avait toujours prévue et redoutée, car il avait fait de sa demeure une citadelle et de ses anges une milice, et il se donnait à lui-même le nom de Dieu des Armées. Il apprêta ses foudres. Plus de la moitié des enfants des cieux lui restaient fidèles ; il voyait se serrer en foule autour de lui des âmes obéissantes et des cœurs patients. L’archange Michel, qui était sans peur, prit le commandement de ces troupes dociles.