Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/200

Cette page a été validée par deux contributeurs.

En manière de réponse, le prince Istar tira de sa poche un petit cylindre de cuivre qu’il présenta gracieusement au baron Everdingen.

— Vous voyez, dit-il, cette simple boîte. Il suffirait de la laisser tomber sur ce plancher pour réduire immédiatement en un monceau de cendres fumantes ce vaste hôtel avec ses habitants et allumer un incendie qui dévorerait tout le quartier du Trocadéro. J’en ai dix mille comme cela ; et j’en fabrique trois douzaines par jour.

Le financier invita le kéroub à remettre l’engin dans sa poche, et d’un ton conciliant :

— Écoutez-moi, mes amis. Allez tout de suite faire la révolution dans le ciel et laissez les choses comme elles sont dans ce pays-ci. Je vais vous signer un chèque. Vous pourrez vous procurer tout le matériel qu’il vous faut pour attaquer la Jérusalem céleste.

Et le baron Everdingen combinait déjà dans son esprit une magnifique affaire d’électrophores et de fournitures de guerre.