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d’un frère céleste plus de libéralité et un concours plus généreux.

— Notre projet, dit-il, est vaste. Il embrasse le ciel et la terre. Il est arrêté dans tous ses détails. Nous ferons d’abord la révolution sociale en France, en Europe, sur toute la planète ; puis nous porterons la guerre dans le ciel et nous y établirons une démocratie pacifique. Mais pour réduire les citadelles du ciel, pour renverser le Mont du Seigneur, pour donner l’assaut à la Jérusalem céleste, il faut une vaste armée, un matériel énorme, des engins formidables, des électrophores d’une puissance encore inconnue. Nous n’avons pas les moyens de nous procurer de telles ressources. La Révolution en Europe peut se faire à moins de frais. Notre intention est de commencer par la France.

— Vous êtes fous, s’écria le baron Everdingen, des fous et des imbéciles. Écoutez-moi : il n’y a plus une seule réforme à accomplir en France. Tout y est parfait, définitif, inchangeable. Vous entendez : inchangeable.

Et, pour communiquer plus de force à son affirmation, le baron Everdingen frappa trois coups sur le bureau du Régent.