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siècle. Mais il manquait d’argent, partant de liberté, et ne pouvait employer ainsi qu’il l’aurait voulu son temps à instruire les fils du ciel. Semblablement, par défaut d’argent, le prince Istar confectionnait moins de bombes qu’il n’en fallait, et de moins belles. Sans doute il préparait beaucoup de petits engins de poche. Il en avait empli l’appartement de Théophile et il en oubliait tous les jours sur les divans des cafés. Mais une bombe élégante, maniable, commode, et qui peut anéantir plusieurs vastes maisons, coûte de vingt à vingt-cinq mille francs. Et le prince Istar n’en possédait que deux de cette sorte. Également désireux de se procurer des capitaux, Arcade et Istar allèrent ensemble demander des fonds à un financier célèbre, Max Everdingen, qui dirige, comme chacun sait, le plus grand établissement de crédit de la France et du monde. On sait moins que Max Everdingen n’est pas né d’une femme et que c’est un ange tombé. Telle est pourtant la vérité. Il se nommait au ciel Sophar et gardait les trésors d’Ialdabaoth, grand amateur d’or et de pierres précieuses. Dans l’exercice de ces fonctions, Sophar contracta