Les choses se passèrent cette fois comme de coutume. Mais Amédée, trouvant le Lucrèce sur la table, le mit innocemment dans sa toilette et l’emporta avec les autres livres, sans que M. Sariette s’en aperçût. Le bibliothécaire quitta la salle des Sphères et des Philosophes, ayant tout à fait oublié le livre dont l’absence lui avait causé, dans la journée, de si cruelles inquiétudes. C’est ce que des juges sévères lui reprocheront comme une défaillance de son génie. Mais n’est-il pas meilleur de dire que la destinée en avait décidé ainsi et que ce qu’on appelle le hasard, et qui est en réalité l’ordre de la nature, accomplit ce fait imperceptible, dont les conséquences devaient être épouvantables au jugement des hommes ? M. Sariette alla dîner à la crémerie des Quatre-Évêques et lut le journal La Croix. Il était tranquille et serein. Le lendemain seulement, en pénétrant dans la salle des Sphères et des Philosophes, il lui souvint du Lucrèce, et ne le voyant pas sur la table, il le chercha partout sans le trouver nulle part. Il ne lui vint point à l’esprit qu’Amédée avait pu l’emporter par mégarde. Son esprit lui suggéra le retour