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esprits. Ce fait, attesté par de nombreux témoignages, est de toute certitude.

— Mais, monsieur l’abbé, je l’ai vu ; il s’est assis tout nu dans un fauteuil sur une paire de bas noirs. Que faut-il vous dire de plus ?

L’abbé Patouille ne parut nullement ébranlé par cette affirmation :

— Je vous le répète, mon enfant, il faut rapporter au déplorable état de votre conscience ces illusions funestes, ces rêves d’une âme profondément troublée. Et je crois pouvoir discerner la circonstance occasionnelle qui a fait trébucher votre esprit chancelant. Cet hiver, vous êtes venu en de mauvaises dispositions, avec monsieur Sariette et votre oncle Gaétan, visiter dans cette église la chapelle des Anges, alors en réparation. On ne saurait trop rappeler, comme je le disais, les artistes aux règles de l’art chrétien ; on ne saurait trop leur imposer le respect des saintes Écritures et de leurs interprètes autorisés. Monsieur Eugène Delacroix n’a pas soumis son génie fougueux à la tradition. Il n’en a fait qu’à sa tête et il a exécuté dans cette chapelle des peintures sulfureuses, pour reprendre une