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Patouille, puis, comme le prêtre sortait de la sacristie, il l’aborda et lui demanda de l’écouter un moment. Ils descendirent ensemble les degrés de l’église et se promenèrent, sous le ciel clair, autour de la fontaine des Quatre-Évêques. Malgré le trouble de sa conscience et la difficulté de rendre croyable un cas si extraordinaire, Maurice conta comment son ange gardien, lui apparaissant, avait annoncé la résolution funeste de se séparer de lui et de fomenter une nouvelle révolte des esprits glorieux. Et le jeune d’Esparvieu demanda au respectable ecclésiastique le moyen de retrouver le céleste protecteur dont il ne pouvait supporter l’absence, et de ramener son ange à la foi chrétienne. M. l’abbé Patouille répondit, sur le ton d’une affectueuse tristesse, que son cher enfant avait rêvé, qu’il prenait pour la réalité une hallucination maladive, et qu’il n’est pas permis de croire que les bons anges peuvent se révolter.

— On se persuade, ajouta-t-il, qu’on peut mener impunément une vie de désordre et de dissipation. On se trompe. L’abus des plaisirs corrompt l’intelligence et trouble l’entendement. Le diable s’empare des sens du pécheur