Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

formée naguère et qui, maintenant, ne montrait que la cretonne bleue de la tenture.

Sans le nommer (il n’en était pas besoin), madame des Aubels demanda :

— Tu ne l’as pas revu ?

Lentement, tristement, Maurice tourna la tête de droite à gauche et de gauche à droite.

— Tu as l’air de le regretter, reprit madame des Aubels. Pourtant, avoue-le : il t’a fait une peur affreuse et tu étais choqué de son incorrection.

— C’est vrai qu’il était incorrect, fit Maurice sans nul ressentiment.

Assise au milieu du lit, demi-nue, le menton sur les genoux et les mains jointes sur les jambes, elle regarda son amant avec une curiosité aiguë.

— Dis donc, Maurice, ça ne te dit plus rien de me voir seule ?… Il te faut un ange pour t’inspirer. C’est malheureux, à ton âge !…

Maurice sembla ne pas entendre et demanda gravement :

— Gilberte, est-ce que tu sens sur toi la présence de ton ange gardien ?

— Moi ? pas du tout. Je n’y ai jamais pensé,