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Istar se laissait convaincre. Il promettait de mettre la douceur persuasive de ses paroles et les formules excellentes de ses explosifs au service de la révolution céleste. Il promettait.

— Demain, disait-il.

Et le lendemain, il poursuivait sa propagande antimilitariste à Issy-les-Moulineaux. Semblable au Titan Prométhée, Istar aimait les hommes.

Arcade, subissant toutes les nécessités auxquelles la race d’Adam est soumise, se trouvait sans ressources pour les satisfaire. Le kéroub le fit embaucher dans une imprimerie de la rue de Vaugirard dont il connaissait le contremaître. Arcade, grâce à son intelligence céleste, sut bientôt lever la lettre et devint en peu de temps un bon compositeur.

Quand toute la journée, dans l’atelier bourdonnant, debout, le composteur dans la main gauche, il avait tiré de la casse avec rapidité les petits signes de plomb, en l’ordre voulu par la copie fixée au visorium, il se lavait les mains à la pompe et dînait chez le bistro, un journal ouvert sur le marbre de la table.