ordre, il revêtait naguère aux cieux le corps d’un taureau ailé, surmonté d’une tête d’homme barbue et cornue et portant à ses flancs les attributs d’une fécondité généreuse. Plus vaste et plus vigoureux qu’aucun animal terrestre, debout, les ailes éployées, il couvrait de son ombre soixante archanges. Tel était Istar dans sa patrie ; il y resplendissait de force et de douceur. Son cœur était intrépide et son âme bienveillante. Naguère encore, il aimait son seigneur, qu’il croyait bon, et le servait fidèlement. Mais, tout en gardant le seuil du Maître, il méditait sans cesse sur le châtiment des anges rebelles et la malédiction d’Ève. Sa pensée était lente et profonde. Quand, après une longue suite de siècles, il se fut persuadé que Ialdabaoth avait enfanté, avec l’univers, le mal et la mort, il cessa de l’adorer et de le servir. Son amour se changea en haine, sa vénération en mépris. Il lui cria son exécration à la face et s’enfuit sur la terre.
Revêtu de la forme humaine et réduit à la taille des fils d’Adam, il gardait encore quelques caractères de sa première nature. Ses gros yeux à fleur de tête, son nez busqué,