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ils appartiennent, et selon leur propre nature. Ils sont tous beaux ; mais ils le sont diversement et n’offrent pas tous aux regards les molles rondeurs et les riantes fossettes des chairs enfantines, où se jouent des reflets de nacre et des lueurs vermeilles. Ils ne s’ornent pas tous, en une éternelle adolescence, de cette vénusté ambiguë que l’art grec, sur son déclin, a fixée dans les plus caressés de ses marbres, et dont, tant de fois, la peinture chrétienne donna timidement des images attendries et voilées. Il en est dont le menton réchauffe un poil touffu et dont les membres nourrissent des muscles si vigoureux qu’il semble que sous leur peau se tordent des serpents. Les uns ne portent point d’ailes, d’autres en ont deux, quatre ou six ; certains sont formés uniquement d’ailes conjuguées ; plusieurs, qui ne sont pas les moins illustres, réalisent des monstres superbes, ainsi que les Centaures de la fable ; on en voit même qui sont des chars vivants et des roues de feu. Membre de la plus haute hiérarchie céleste, Istar appartenait au chœur des chérubins ou kéroubs, qui ne voient au-dessus d’eux que les seuls séraphins. Comme tous les esprits de cet