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fond sur le petit monde auquel ils demeurent attachés, et creusant l’écorce de la terre, ils observeront la lente évolution des flores et des faunes et les rudes origines de l’homme qui, dans les abris sous roche et dans les cités lacustres, n’eut pas d’autre Dieu que lui-même, lorsqu’ils auront découvert que, unis, par les liens de l’universelle parenté, aux plantes, aux animaux, aux hommes, ils revêtirent successivement toutes les formes de la vie organique, depuis les plus simples et les plus grossières, pour devenir enfin les plus beaux des enfants du Soleil, ils reconnaîtront qu’Ialdabaoth, obscur démon d’un petit monde perdu dans l’espace, les abuse quand il les prétend sortis à sa voix du néant, qu’il ment en se disant l’Infini, l’Éternel et le Tout-Puissant, et que, loin d’avoir créé les univers, il n’en connaît ni le nombre ni les lois ; ils s’apercevront qu’il est semblable à l’un d’eux, ils le mépriseront et, secouant sa tyrannie, le précipiteront dans la géhenne où il a plongé ceux qui valaient mieux que lui.

— Puissiez-vous dire vrai ! fit Zita en soufflant la fumée de sa cigarette… Cependant ces