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restes dépenaillés d’un vaste oiseau de proie ; ses vêtements flottaient, sombres et sans forme. Elle appuyait son menton sur une petite main négligée.

Arcade, qui avait entendu parler naguère de ce puissant archange, lui témoigna une haute estime et une entière confiance, lui exposa sans tarder les progrès de son esprit vers la connaissance et la liberté, ses veilles dans la bibliothèque d’Esparvieu, ses lectures philosophiques, ses études de la nature, ses travaux d’exégèse, sa colère et son mépris, quand il avait reconnu les mensonges du démiurge, son exil volontaire parmi les hommes et son projet de fomenter la révolte aux cieux. Prêt à tout oser contre un maître cruel, qu’il poursuivait d’une haine inextinguible, il exprima sa joie profonde de rencontrer en Ithuriel un esprit capable de le conseiller et de le soutenir dans la grande entreprise.

— Vous n’êtes pas encore bien vieux dans la révolte, lui dit Zita en souriant.

Toutefois elle ne doutait ni de la sincérité, ni de la force de la résolution qu’il annonçait, et elle le félicitait de son audace intellectuelle.