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À ces mots, il se sourit et se pleura à lui-même. Puis il reprit avec émotion :

— Je suis une fontaine de mélodies. Mais l’orchestration, voilà le chiendent ! Au paradis, tu le sais. Arcade, nous ne connaissons en fait d’instruments que la harpe, le psaltérion et l’orgue hydraulique.

Arcade l’écoutait d’une oreille distraite. Il songeait aux projets qui emplissaient son âme et gonflaient son cœur.

— Connais-tu des anges révoltés ? demanda-t-il à son compagnon. Pour moi, je n’en connais qu’un seul, le prince Istar avec qui j’ai échangé quelques lettres et qui m’a offert de partager sa mansarde en attendant que je trouve à me loger dans cette ville où je crois que les loyers sont très chers.

D’anges révoltés, Théophile n’en connaissait guère. Quand il rencontrait un esprit déchu dont il avait été jadis le camarade, il lui serrait la main, car il était fidèle à l’amitié. Quelquefois il voyait le prince Istar. Mais il évitait tous ces mauvais anges qui le choquaient par la violence de leurs opinions et dont les conversations l’assommaient.