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— Je suis un ange, répondit la voix.

— Vous dites ?…

— Je suis un ange ; je suis l’ange gardien de Maurice.

— Répétez !… Je deviens folle … Je ne comprends pas.

Maurice, sans comprendre davantage, était indigné. Ayant rajusté son pyjama, il sauta du lit et se montra couvert de fleurs. De sa main droite, armée d’une pantoufle, il fit un geste menaçant et dit d’une voix rude :

— Vous êtes un malotru… Faites-moi plaisir de sortir par où vous êtes venu.

— Maurice d’Esparvieu, reprit la douce voix, Celui que vous adorez comme votre créateur a placé auprès de chaque fidèle un bon ange, avec la mission de le conseiller et de le garder : c’est l’opinion constante des Pères : elle se fonde sur plusieurs endroits de l’Écriture ; l’Église l’admet unanimement, sans toutefois prononcer l’anathème contre ceux qui suivent un avis contraire. Vous voyez devant vous un de ces anges, le vôtre, Maurice. Je fus chargé de veiller sur votre innocence et de garder votre chasteté.