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tion n’en est pas moins fâcheuse et préjudiciable, je le répète, au prestige de la magistrature.

Le ministre de l’Intérieur jeta sur la discussion, selon sa coutume, de ces phrases massives qui la ferment et la tiennent close sous leur poids. Il avait, dit-il, ses préfets dans la main ; il saurait bien amener M. Pélisson à une appréciation juste des choses, sans prendre aucune mesure rigoureuse contre un fonctionnaire intelligent et zélé qui avait réussi dans son département, et qui était précieux « au point de vue de la situation électorale ». Personne ne pouvait se dire plus intéressé que le ministre de l’Intérieur à maintenir la bonne harmonie entre l’autorité départementale et le pouvoir judiciaire.

Cependant l’Empereur gardait cet air de rêve dont s’enveloppait ordinairement son silence. Il songeait, sans doute, à des choses passées, car il dit tout à coup :