Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Monsieur l’abbé, on dit partout que vous serez appelé à l’évêché de Tourcoing.


J’en accepte l’augure et j’ose l’espérer


Mais ce choix est trop bon pour n’être pas douteux. On vous croit monarchiste, et cela vous nuit. N’êtes-vous pas républicain comme le pape ?

m. lantaigne. — Je suis républicain comme le pape. C’est-à-dire que je suis en paix et non en guerre avec le gouvernement de la République. Mais la paix n’est pas l’amour. Et je n’aime pas la République.

m. bergeret. — Je devine vos raisons. Vous lui reprochez d’être hostile au clergé et libre penseuse.

m. lantaigne. — Assurément, je lui reproche d’être impie et ennemie des prêtres. Mais cette impiété, ces inimitiés ne lui sont pas essentielles. Elles sont le fait de républicains, non de la République. Elles diminuent ou grandissent à tous les changements