Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces gouttes de café dont s’amuse la niaiserie des matrones.

— Je vous comprends, dit M. de Terremondre : les femmes aimant les bijoux, beaucoup d’enfants naîtraient avec des saphirs, des rubis, des émeraudes aux doigts et des bracelets d’or aux poignets ; des colliers de perles, des rivières de diamants leur couvriraient le cou et la poitrine. Encore, ces enfants-là, pourrait-on les montrer.

— Précisément, répliqua M. Bergeret.

Et, prenant sur la table où l’avait laissé M. de Terremondre le XXXVIIIe tome de l’Histoire générale des voyages, le maître de conférences s’enfonça le nez dans le livre, entre les pages 212 et 213 qui, depuis six années, chaque fois qu’il ouvrait l’inévitable bouquin, lui apparaissaient fatalement à l’exclusion de toute autre page, comme un exemple de la monotonie où s’écoule la vie, comme un symbole de l’uniformité des travaux et des jours universitaires et pro-