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exemples nombreux et indéniables. Mais, encore une fois, je ne crois pas que la jeune personne dont nous nous entretenons soit favorisée d’un commerce de ce genre. Ses propos ne portent pas, si j’ose dire, le cachet d’une révélation céleste. Tout ce qu’elle dit est en quelque sorte…

m. le préfet. — Une fumisterie.

m. guitrel. — Si vous voulez… Ou bien, il se pourrait qu’elle fût possédée.

m. le préfet. — Qu’est-ce que vous dites là ? Vous, un prêtre intelligent, un futur évêque de la République, vous croyez aux possédées ! C’est une idée du moyen âge ! J’ai lu un livre de Michelet là-dessus.

m. guitrel. — Mais, monsieur le préfet, la possession est un fait reconnu non seulement par les théologiens, mais encore par les savants, incrédules pour la plupart. Et Michelet lui-même, que vous citez, croyait aux possédées de Loudun.

m. le préfet. — Quelles idées ! Vous êtes