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de Tourcoing, d’instituts religieux de toutes sortes. Aussi l’ai-je examinée de très près, et je puis, si vous le désirez, vous faire part des fruits de cet examen.

— Les moines, dit Loyer, n’aiment point payer. Voilà la vérité.

— Personne n’aime payer, monsieur le ministre, répliqua l’abbé Guitrel. Et Votre Excellence, si compétente en matière de finances, sait qu’il y a pourtant un art de tondre le contribuable sans le faire crier. Pourquoi ne point user de cet art envers nos pauvres religieux qui sont trop bons Français pour n’être pas bons contribuables ? Remarquez, monsieur le ministre, qu’ils sont soumis : 1o aux impôts de droit commun.

— Naturellement, dit Loyer.

— 2o À la mainmorte, poursuivit l’abbé.

— Et vous vous en plaignez ? demanda le ministre.

— Nullement, répondit l’abbé. Je fais le compte. Les bons comptes font les bons amis.