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tères cléricaux alternaient avec les ministères anticléricaux, le directeur des cultes ne se mêlait plus guère de faire des évêques. Ces sortes d’affaires devenaient trop délicates. Il avait une maison à Joinville, il était amateur de jardins et pêcheur à la ligne. Sa pensée la plus chère était d’écrire l’histoire anecdotique du théâtre Bobino, dont il avait connu les beaux jours. Il se faisait vieux, et il était sage. Il ne soutenait pas ses propres avis avec ténacité. Il avait dit la veille à son ministre en propres termes : « Je propose l’abbé Guitrel, mais l’abbé Guitrel ou l’abbé Lantaigne, c’est bonnet blanc et blanc bonnet, ou, comme dirait notre oncle, c’est kif kif bourricot ! » Ainsi s’était exprimé M. le directeur des cultes. Mais Loyer, vieux légiste, distinguait toujours.

Il lui parut que M. Guitrel avait quelque bon sens et n’était point trop fanatique.

— Vous n’ignorez point, monsieur l’abbé, lui dit-il, que le défunt évêque de Tour-