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sans toutefois s’engager plus avant, étant bon républicain et ne soumettant pas les affaires de l’État aux caprices des femmes.

Puis ç’avait été la baronne Bonmont, les plus belles épaules de Paris, qui l’avait sollicité, aux soirées de l’Élysée, en faveur de l’abbé Guitrel. Enfin madame Worms-Clavelin, la femme du préfet, était venue, très gentille, lui couler à l’oreille un mot de recommandation pour le bon abbé Guitrel.

Loyer était curieux de voir de ses yeux ce prêtre qui avait mis tant de jupes en mouvement. Il se demandait s’il n’allait pas se trouver en présence d’un de ces grands gars en soutane que l’Église jette depuis quelques années dans les réunions publiques et jusque dans la Chambre des députés, jeunes gaillards forts en couleurs et forts en bouche, pieux tribuns rustiques, violents et madrés, puissants sur les simples et sur les femmes.

M. l’abbé Guitrel entra dans le cabinet du ministre, la tête penchée sur l’épaule droite,