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Cette parole affligea madame de Bonmont et surprit M. l’abbé Guitrel, qui ne savaient ni l’un ni l’autre que le colonel Gandouin avait, quatre ans en çà, prononcé, avec six autres, officiers, la mise en réforme du capitaine Marcien pour inconduite habituelle. C’est le motif que le conseil avait choisi entre plusieurs autres.

À compter de ce moment, la douce Élisabeth n’espéra plus un grand bien de cette entrevue qu’elle avait ménagée pour apaiser son Raoul, le détourner des pensées violentes et le ramener à des désirs d’amour. Pourtant elle ouvrit son cœur et dit d’une voix mouillée :

— N’est-ce pas, monsieur l’abbé, quand on est jeune, quand on a un bel avenir, il ne faut pas se laisser aller au découragement, à la tristesse ! N’est-ce pas qu’on doit, au contraire, chasser les idées noires ?

— Sans doute, madame la baronne, sans doute, répondit M. l’abbé Guitrel. Il ne faut