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qu’il manquait d’idées à ce sujet et aussi parce que son esprit était tout entier occupé par la considération des trois plaintes en escroquerie qui avaient été déposées contre lui dans la semaine, et que cette considération lui ôtait la faculté de suivre des pensées abstraites et générales.

Madame de Bonmont ne connaissait pas précisément la cause de ce silence, et M. Guitrel l’ignorait tout à fait. Croyant bien faire et pensant ranimer la conversation, il demanda à M. Marcien s’il ne connaissait pas le colonel Gandouin :

— C’est un homme admirable à tous égards, ajouta le prêtre, un bel exemplaire du chrétien et du soldat, et qui jouit dans notre diocèse de l’estime unanime des honnêtes gens.

— Si je le connais, le colonel Gandouin ! s’écria Raoul. Je ne le connais que trop. J’en ai soupé ! En voilà un à qui je garde un chien de ma chienne !