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— Je crois bien que nous faisons ici l’alliance du sabre et du goupillon…

Et reprenant aussitôt sa gravité sacerdotale :

— Alliance heureuse entre toutes, et bien naturelle. Nous sommes aussi des soldats. Pour ma part, j’aime beaucoup les militaires.

Madame de Bonmont regarda d’un œil sympathique l’abbé qui poursuivit :

— Dans le diocèse auquel j’appartiens, nous avons ouvert des cercles où les jeunes soldats peuvent lire de bons livres en fumant leur cigare. Ces œuvres, que monseigneur Charlot protège, sont prospères et rendent de grands services. Ne soyons pas injustes pour le siècle où nous vivons : il s’y fait beaucoup de mal et beaucoup de bien. Nous sommes engagés dans une grande bataille. Cela vaut mieux, peut-être, que de vivre parmi ces tièdes qu’un grand poète chrétien exclut en même temps du paradis et de l’enfer.

Raoul approuva ce discours, mais il n’y répondit point. Il n’y répondit point parce