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brouiller dans un moment de trouble, car elle était sensible.

On ne peut pas dire qu’il était jaloux, mais il avait de l’amour-propre. S’il avait appris que madame de Gromance le trompait, il en aurait souffert dans sa vanité. D’un autre côté, il ne désirait cette jolie femme qu’autant qu’il la croyait désirée par d’autres. Il n’était pas bien sûr qu’il fallût être l’amant de madame de Gromance. Une femme du monde, cela n’était pas déjà si indiqué ! Ses amis les plus intimes n’en avaient pas. Ils préféraient une automobile. Elle lui plaisait. Il voulait bien être son amant, si cela se faisait. Mais si cela ne se faisait pas, il ne voyait pas pourquoi il s’obstinerait tout seul dans cette chose. En lui l’instinct profond de l’homme et le sens mondain n’étaient pas bien d’accord. Et il n’avait pas l’esprit très apte à concilier ces antinomies. Il en résultait, dans ses propos, quelque chose d’imparfait et d’indéterminé,