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était soudainement lavé de toute tache et purifié de toute souillure. Ce n’est pas qu’on doutât dans ces jours-là plus qu’autrefois de son indignité ; mais, en l’état de l’Affaire, il fallait que Raoul Marcien (connu dans l’histoire sous un nom qui peut ne pas être celui qu’il porte dans l’Anneau d’améthyste) fût innocent pour que le juif fût coupable. Sans donner ici sur ce point les éclaircissements qu’on ne me demande pas, je dirai qu’il importait grandement de blanchir Raoul Marcien. Les conseils de guerre rendaient arrêt sur arrêt à cet effet. En public, en secret, des ministres, des députés, des sénateurs affirmaient que la sécurité, la puissance, la gloire de la France étaient attachées à l’innocence de cet individu. Elles s’écroulaient si Marcien était suspect. Aussi tous les bons citoyens travaillaient opiniâtrement à restaurer un honneur qui était d’intérêt national.

Madame de Bonmont, voyant son ami