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semblait à un bon petit bison qui laisse sa laine aux buissons.

Gustave ne reconnaissait plus son Bonmont. Il était touché et il était surpris. Mais le petit baron ayant sauté dans le break se mit à manier le guidon, sous l’œil bienveillant du mécanicien.

— Bonmont, vous êtes chauffeur ? demanda Gustave avec déférence.

— Des fois, répondit le jeune Bonmont. Et, la main sur le guidon, il conta une tournée d’automobile qu’il avait faite en Touraine, pendant un de ces congés de convalescence dont il revenait plus malade qu’il n’était parti. Il avait fait quarante kilomètres à l’heure. Il est vrai que la route était sèche et bien entretenue. Mais il y avait les vaches, les gosses et les chevaux peureux, qui pouvaient causer des désagréments. Il fallait avoir l’œil et ne pas laisser surtout le voisin toucher le guidon. Il rappela quelques incidents de son voyage. L’aventure d’une