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— Je ne conçois pas qu’on mêle à cette affaire des considérations politiques et des passions de parti. Elle leur est supérieure, puisque c’est une question morale.

— Sans doute, répondit M. Bergeret, mais vous n’auriez pas de ces surprenantes surprises, si vous songiez que la foule a des passions violentes et simples, qu’elle est inaccessible au raisonnement, que peu d’hommes savent conduire leur esprit dans des recherches difficiles, et que, pour découvrir la vérité en cette affaire, il nous a fallu une attention soutenue, la fermeté d’une intelligence exercée, l’habitude d’examiner les faits avec méthode et quelque sagacité. Ces avantages et la satisfaction de posséder la vérité valent bien qu’on les paye de quelques injures méprisées.

— Quand cela finira-t-il ? demanda M. Leterrier.

— Dans six mois ou dans vingt ans, ou jamais, répondit M. Bergeret.