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que madame de Bonmont connaissait bien. Elle dit comment M. Isidore Mayer, un israélite assez connu et très estimé dans le monde financier, entra un matin dans un café du boulevard des Capucines, s’assit devant une table et demanda l’Annuaire militaire. Ayant un fils dans l’armée, il voulait savoir les noms des officiers appartenant au régiment de son fils. Il étendait la main pour prendre l’Annuaire, apporté par un garçon, quand M. Raoul Marcien s’avança vers lui et lui dit : « Monsieur, je vous défends de toucher au livre d’or de l’armée française. — Pourquoi ? demanda M. Isidore Mayer. — Parce que vous êtes un coreligionnaire du traître. » M. Isidore Mayer haussa les épaules. Et M. Raoul Marcien lui donna un soufflet. Sur quoi une rencontre fut reconnue nécessaire et deux balles furent échangées sans résultat.

— Chère amie, chère amie, comprenez-vous ? Moi, je ne comprends pas.