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efforts, y déploya toute son habileté, se montra sincère, prévenant, affectueux, dévoué, discret même ; son cœur lui enseignait toutes les délicatesses. Il disait à l’infidèle des choses charmantes et des choses touchantes et, pour l’attendrir, lui avouait tout ce qu’il avait souffert.

Croisant sur son ventre la ceinture de son pantalon :

— Vois, lui disait-il, j’ai maigri.

Il lui promettait tout ce qu’il pensait qui pût flatter une femme, des parties de campagne, des chapeaux, des bijoux.

Parfois il croyait l’avoir apitoyée. Elle ne lui montrait plus un visage insolemment heureux ; séparée de Paul, sa tristesse avait un air de douceur ; mais dès qu’il faisait un geste pour la reconquérir, elle se refusait, farouche et sombre, ceinte de sa faute comme d’une ceinture d’or.

Il ne se lassait pas, se faisait humble, suppliant, déplorable.

Un jour il alla trouver Lapersonne, et lui dit, les larmes aux yeux :

— Parle-lui, toi !

Lapersonne s’excusa, ne croyant pas son intervention efficace, mais il donna des conseils à son ami.

— Fais-lui croire que tu la dédaignes, que tu en aimes une autre, et elle te reviendra.