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CHAPITRE II

L’ŒUVRE DE SAINTE-ORBEROSE


La retraite du révérend père Douillard réunissait, chaque vendredi, à neuf heures du soir, dans l’aristocratique église de Saint-Maël, l’élite de la société d’Alca. Le prince et la princesse des Boscénos, le vicomte et la vicomtesse Olive, madame Bigourd, monsieur et madame de la Trumelle n’en manquaient pas une séance ; on y voyait la fleur de l’aristocratie et les belles baronnes juives y jetaient leur éclat, car les baronnes juives d’Alca étaient chrétiennes.

Cette retraite avait pour objet, comme toutes les retraites religieuses, de procurer aux gens du monde un peu de recueillement pour penser à leur salut ; elle était destinée aussi à attirer sur tant de nobles et illustres familles la bénédiction de sainte Orberose, qui aime les Pingouins. Avec un zèle vraiment apostolique, le révérend père Douillard poursuivait l’accomplissement de son