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monter le révérend père Douillard, de l’ordre de Saint-François, se tenaient debout, dans une attitude recueillie, les mains croisées sur leurs gourdins, les grands dignitaires de l’association des antipyrots, le vicomte Olive, M. de la Trumelle, le comte Cléna, le duc d’Ampoule, le prince des Boscénos. Le père Agaric occupait l’abside, avec les professeurs et les élèves de l’école Saint-Maël. Le croisillon et le bas-côté de droite étaient réservés aux officiers et soldats en uniforme comme le plus honorable, puisque c’est de ce côté que le Seigneur pencha la tête en expirant sur la croix. Les dames de l’aristocratie, et parmi elles la comtesse Cléna, la vicomtesse Olive, la princesse des Boscénos, occupaient les tribunes. Dans l’immense vaisseau et sur la place du Parvis se pressaient vingt mille religieux de toutes robes et trente mille laïques.

Après la cérémonie expiatoire et propitiatoire, le révérend père Douillard monta en chaire. Le sermon avait été donné d’abord au révérend père Agaric ; mais jugé, malgré ses mérites, au-dessous des circonstances pour le zèle et la doctrine, on lui préféra l’éloquent capucin qui depuis six mois allait prêcher dans les casernes contre les ennemis de Dieu et de l’autorité.

Le révérend père Douillard, prenant pour texte Deposuit potentes de sede, établit que toute puissance temporelle a Dieu pour principe et pour fin