Et le religieux des Conils leva vers le ciel ses prunelles de rubis.
Agaric lui mit la main sur l’épaule :
— Quel spectacle, Cornemuse, nous offre la malheureuse Pingouinie ! Partout la désobéissance, l’indépendance, la liberté ! Nous voyons se lever les orgueilleux, les superbes, les hommes de révolte. Après avoir bravé les lois divines, ils se dressent contre les lois humaines, tant il est vrai que, pour être un bon citoyen, il faut être un bon chrétien. Colomban tâche à imiter Satan. De nombreux criminels suivent son funeste exemple ; ils veulent, dans leur rage, briser tous les freins, rompre tous les jougs, s’affranchir des liens les plus sacrés, échapper aux contraintes les plus salutaires. Ils frappent leur patrie pour s’en faire obéir. Mais ils succomberont sous l’animadversion, la vitupération, l’indignation, la fureur, l’exécration et l’abomination publiques. Voilà l’abîme où les a conduits l’athéisme, la libre pensée, le libre examen, la prétention monstrueuse de juger par eux-mêmes, d’avoir une opinion propre.
— Sans doute, sans doute, répliqua le père Cornemuse en secouant la tête ; mais je vous avoue que le soin de distiller des simples m’a détourné de suivre les affaires publiques. Je sais seulement qu’on parle beaucoup d’un certain Pyrot. Les uns soutiennent qu’il est coupable, les