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imposerons à ta sale chose publique quelqu’un des nôtres. Tu sais que je suis homme de parole. Si dans vingt-quatre heures tu n’as pas donné ta démission, je publie dans les journaux le dossier Maloury.

Mais Greatauk, plein de calme et de sérénité :

— Tiens-toi donc tranquille, idiot. Je suis en train d’envoyer un juif au bagne. Je livre Pyrot à la justice comme coupable d’avoir volé quatre-vingt mille bottes de foin.

Le prince des Boscénos, dont la fureur tomba comme un voile, sourit.

— C’est vrai ?…

— Tu le verras bien.

— Mes compliments, Greatauk. Mais comme avec toi il faut toujours prendre ses précautions, je publie immédiatement la bonne nouvelle. On lira ce soir dans tous les journaux d’Alca l’arrestation de Pyrot…

Et il murmura en s’éloignant :

— Ce Pyrot ! je me doutais qu’il finirait mal.

Un instant après, le général Panther se présenta devant Greatauk.

— Monsieur le ministre, je viens d’examiner l’affaire des quatre-vingt mille bottes de foin. On n’a pas de preuves contre Pyrot.

— Qu’on en trouve, répondit Greatauk, la justice l’exige. Faites immédiatement arrêter Pyrot.