Page:Anatole France - L’Île des Pingouins.djvu/239

Cette page a été validée par deux contributeurs.

philes. On reconnaissait dans l’assistance la fleur de la société pingouine, le prince et la princesse des Boscénos, le comte Cléna, M. de la Trumelle, M. Bigourd et quelques riches dames israélites.

Le généralissime de l’armée nationale était venu en uniforme. Il fut acclamé.

Le bureau se constitua laborieusement. Un homme du peuple, un ouvrier, mais qui pensait bien, M. Rauchin, secrétaire des syndicats jaunes, fut appelé à présider, entre le comte Cléna et M. Michaud, garçon boucher.

En plusieurs discours éloquents, le régime que la Pingouinie s’était librement donné reçut les noms d’égout et de dépotoir. Le président Formose fut ménagé. Il ne fut question ni de Crucho ni des prêtres.

La réunion était contradictoire ; un défenseur de l’État moderne et de la république, homme de profession manuelle, se présenta.

— Messieurs, dit le président Rauchin, nous avons annoncé que la réunion serait contradictoire. Nous n’avons qu’une parole ; nous ne sommes pas comme nos contradicteurs, nous sommes honnêtes. Je donne la parole au contradicteur. Dieu sait ce que vous allez entendre ! Messieurs, je vous prie de contenir le plus longtemps qu’il vous sera possible l’expression de votre mépris, de votre dégout et de votre indignation.

— Messieurs, dit le contradicteur…