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— Comme c’est calme ici !

— En effet, c’est assez tranquille.

— On entend chanter les oiseaux.

— Asseyez-vous donc, chère madame.

Et il lui tendit un fauteuil.

Elle prit une chaise à contre-jour :

— Émiral, je viens vers vous, chargée d’une mission très importante, d’une mission…

— Expliquez-vous.

— Émiral, vous n’avez jamais vu le prince Crucho ?

— Jamais.

Elle soupira.

— C’est bien là le malheur. Il serait si heureux de vous voir ! Il vous estime et vous apprécie. Il a votre portrait sur sa table de travail, à côté de celui de la princesse sa mère. Quel dommage qu’on ne le connaisse pas ! C’est un charmant prince, et si reconnaissant de ce qu’on fait pour lui ! Ce sera un grand roi. Car il sera roi : n’en doutez pas. Il reviendra, et plus tôt qu’on ne croit… Ce que j’ai à vous dire, la mission qui m’est confiée se rapporte précisément à…

L’émiral se leva :

— Pas un mot de plus, chère madame. J’ai l’estime, j’ai la confiance de la république. Je ne la trahirai pas. Et pourquoi la trahirais-je ? Je suis comblé d’honneurs et de dignités.

— Vos honneurs, vos dignités, mon cher