de sa constitution ? Sans doute, ce que vous proposez, cher Agaric, est noble et généreux. Il serait beau de sauver ce grand et malheureux pays, de le rétablir dans sa splendeur première. Mais songez-y : nous sommes chrétiens avant que d’être pingouins. Et il nous faut bien prendre garde de ne point compromettre la religion dans des entreprises politiques.
Agaric répliqua vivement :
— Ne craignez rien. Nous tiendrons tous les fils du complot, mais nous resterons dans l’ombre. On ne nous verra pas.
— Comme des mouches dans du lait, murmura le religieux des Conils.
Et, coulant sur son compère ses fines prunelles de rubis :
— Prenez garde, mon ami. La république est peut-être plus forte qu’il ne semble. Il se peut aussi que nous raffermissions ses forces en la tirant de la molle quiétude où elle repose à cette heure. Sa malice est grande : si nous l’attaquons, elle se défendra. Elle fait de mauvaises lois qui ne nous atteignent guère ; quand elle aura peur, elle en fera de terribles contre nous. Ne nous engageons pas à la légère dans une aventure où nous pouvons laisser des plumes. L’occasion est bonne, pensez-vous ; je ne le crois pas, et je vais vous dire pourquoi. Le régime actuel n’est pas encore connu de tout le monde et ne l’est