grimpe sur l’autre versant de la vallée, au pied de ce bois de bouleaux. Il n’y a dans cette étroite vallée, fermée de toutes parts, que ce village et le mien : ils sont ennemis. Chaque fois que nos gars rencontrent ceux d’en face, ils échangent des injures et des coups. Et vous voulez que les Pingouins ne soient pas les ennemis des Marsouins ! Vous ne savez donc pas ce que c’est que le patriotisme ? Pour moi, voici les deux cris qui s’échappent de ma poitrine : « Vivent les Pingouins ! Mort aux Marsouins ! »
Durant treize siècles, les Pingouins firent la guerre à tous les peuples du monde, avec une constante ardeur et des fortunes diverses. Puis en quelques années ils se dégoûtèrent de ce qu’ils avaient si longtemps aimé et montrèrent pour la paix une préférence très vive qu’ils exprimaient avec dignité, sans doute, mais de l’accent le plus sincère. Leurs généraux s’accommodèrent fort bien de cette nouvelle humeur ; toute leur armée, officiers, sous-officiers et soldats, conscrits et vétérans, se firent un plaisir de s’y conformer ; ce furent les gratte-papier, les rats de bibliothèque qui s’en plaignirent et les culs-de-jatte qui ne s’en consolèrent pas.
Ce même Jacquot le Philosophe composa une sorte de récit moral dans lequel il représentait