particulièrement instructive. Le dragon de saint Riok était long de six toises ; sa tête tenait du coq et du basilic, son corps du bœuf et du serpent ; il désolait les rives de l’Élorn, au temps du roi Bristocus. Saint Riok, âgé de deux ans, le mena en laisse jusqu’à la mer où le monstre se noya très volontiers. Le dragon de saint Pol, long de soixante pieds, n’était pas moins terrible. Le bienheureux apôtre de Léon le lia de son étole et le donna à conduire à un jeune seigneur d’une grande pureté. Ces exemples prouvent que, aux yeux de Dieu, un puceau est aussi agréable qu’une pucelle. Le ciel n’y fait point de différence. C’est pourquoi, mon fils, si vous voulez m’en croire, nous nous rendrons tous deux au rivage des Ombres ; parvenus à la caverne du dragon, nous appellerons le monstre à haute voix et, quand il s’approchera, je nouerai mon étole autour de son cou et vous le mènerez en laisse jusqu’à la mer où il ne manquera pas de se noyer.
À ce discours du vieillard, Samuel baissa la tête et ne répondit pas.
— Vous semblez hésiter, mon fils, dit Maël.
Le frère Régimental, contrairement à son habitude, prit la parole sans être interrogé.
— On hésiterait à moins, fit-il. Saint Riok n’avait que deux ans quand il surmonta le dragon. Qui vous dit que neuf ou dix ans plus tard il en eût encore pu faire autant ? Prenez garde, mon