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scolastica

lit funèbre, sourit et murmura doucement :

— Mon ami, pourquoi dis-tu ce qu’on ne te demande pas ?

Puis elle se rendormit du sommeil éternel.

Injuriosus la suivit de près dans la mort. On l’ensevelit non loin d’elle, dans la basilique de Saint-Allire. La première nuit qu’il y reposa, un rosier miraculeux, sorti du cercueil de l’épouse virginale, enlaça les deux tombes de ses bras fleuris. Et le lendemain, le peuple vit qu’elles étaient liées l’une à l’autre par des chaînes de roses. Connaissant à ce signe la sainteté du bienheureux Injuriosus et de la bienheureuse Scolastica, les prêtres d’Auvergne signalèrent ces sépultures à la vénération des fidèles. Mais il y avait encore des païens dans cette province, évangélisée par les saints Allire et Népotien. L’un d’eux, nommé Silvanus, vénérait les fontaines des nymphes, suspendait des tableaux aux branches d’un vieux chêne et gardait à son foyer des petites figures d’argile représentant le soleil et les déesses Mères. À demi caché dans le feuillage, le dieu des jardins protégeait son verger. Silvanus occupait sa vieillesse à faire des poèmes. Il composait