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l’étui de nacre

et la seule trace de ses pas est une souillure infecte.

Or, Smaragde était ostiaire depuis cinq ans, lorsqu’un étranger frappa à la porte du monastère. C’était un homme encore jeune, magnifique dans ses habillements et gardant un reste de fierté, mais pâle, décharné, l’œil enflammé par une fureur mélancolique.

— Frère ostiaire, dit cet homme, conduisez-moi auprès du saint abbé Onuphre, afin qu’il me guérisse, car je suis en proie à un mal mortel.

Smaragde ayant prié l’étranger de s’asseoir sur un escabeau, l’avertit qu’Onuphre, parvenu à sa cent quatorzième année, était allé visiter, en vue de sa fin prochaine, les grottes des saints anachorètes Amon et Orcise.

À cette nouvelle, le visiteur se laissa tomber sur l’escabeau et se cacha la tête dans les mains.

— Je n’espère donc plus guérir, murmura-t-il.

Et, relevant la tête, il ajouta :

— C’est l’amour d’une femme qui m’a réduit à cet état misérable.