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sainte euphrosine

pouse ; il avait commandé pour elle douze robes sur lesquelles étaient brodées les scènes de l’ancien et du nouveau Testament, les fables des Grecs, l’histoire des animaux ainsi que les Divinités de l’Empereur et de l’Impératrice, avec leur suite d’officiers et de dames. Et l’un de ces coffres contenait des livres de théologie et d’arithmétique, écrits en lettres d’or sur des feuilles de parchemin teint de pourpre, que protégeaient des plaques d’ivoire et d’or.

Cependant Euphrosine se tenait tout le jour enfermée seule dans sa chambre. Et elle donnait pour raison de sa retraite qu’il convenait qu’elle apprêtât ses habits de noces.

— Il ne serait pas convenable, disait-elle, que certains vêtements fussent taillés et cousus par d’autres mains que les miennes.

Et, en effet, elle maniait l’aiguille du matin au soir. Mais ce qu’elle préparait ainsi dans le secret, ce n’était ni le voile virginal, ni la robe blanche des fiancées. C’était le capuchon grossier, la tunique courte, et les caleçons qu’ont coutume de porter les jeunes artisans des villes pour vaquer à leurs tra-