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sainte oliverie et sainte liberette

saint homme et, quand elles rentraient à la maison, elles trouvaient qu’une main invisible avait filé tout le lin de leur quenouille. C’est pourquoi, ayant reçu le baptême, elles crurent en Jésus-Christ.

Elles recevaient depuis plus d’une année les leçons de saint Bertauld, quand Thierry, leur père, qu’on nomme aussi Porphyrodime, fut atteint d’une cruelle maladie. Connaissant que la fin de leur père était proche, ses filles l’instruisirent dans la foi chrétienne. Il connut la vérité. C’est pourquoi sa mort fut pleine de mérites. Il fut enseveli proche sa demeure mortelle, en un lieu dit la Montagne-du-Géant, et sa sépulture fut vénérée, par la suite, dans le pays Porcin.

Cependant les deux sœurs se rendaient chaque jour auprès du saint ermite Bertauld, et elles recueillaient sur ses lèvres les paroles de vie. Mais, un certain jour, comme la fonte des neiges avait beaucoup grossi les rivières, Oliverie, en traversant les vignes, prit un échalas afin de franchir plus sûrement le torrent dont les eaux élargies roulaient avec fureur.