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sainte oliverie et sainte liberette

en fut ému. L’aînée prit de nouveau la parole :

— Sire Bertauld, dit-elle, vous révélez des mystères inouïs. Mais il n’est pas toujours facile de distinguer la vérité de l’erreur. Il nous en coûterait de quitter l’amour de Diane. Toutefois, faites-nous paraître un signe de la vérité de vos paroles et nous croirons en Jésus crucifié.

Mais la plus jeune dit à l’apôtre :

— Ma sœur Oliverie demande un signe parce qu’elle est prudente et pleine de sagesse. Mais, si votre Dieu est véritable, sire Bertauld, puissé-je le connaître et l’aimer sans y être forcée par un signe !

L’homme de Dieu comprit à ces paroles que Liberette était née pour devenir une grande sainte. C’est pourquoi il répondit :

— Sœur Liberette et sœur Oliverie, je suis résolu à me retirer dans cette forêt et à y mener la vie érémitique, qui est belle et singulière. Je vivrai dans une cabane de branchages et me nourrirai de racines. Sans cesse, je demanderai à Dieu de changer le cœur des hommes de cette contrée et je bénirai les fon-