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l’étui de nacre

— Sire Bertauld, répondit l’aînée. Je me nomme Oliverie, et ma sœur se nomme Liberette. Notre père, Thierry, qu’on nomme aussi Porphyrodime, est le plus riche seigneur de la contrée. Nous écouterons volontiers tes bonnes paroles. Mais tu sembles accablé de fatigue. Je te conseille d’aller nous attendre chez notre père, qui, en ce moment, boit la cervoise avec ses amis. Il te donnera sans doute une place à sa table, quand il saura que tu es un prince d’Écosse. Au revoir, sire Bertauld. Nous allons, ma sœur et moi, cueillir des fleurs pour les offrir à Diane.

Mais l’apôtre Bertauld répondit :

— Je n’irai pas m’asseoir à la table d’un païen. Cette Diane, que vous croyez une vierge du ciel, est, en réalité, un démon de l’enfer. Le Dieu véritable est unique en trois personnes, et Jésus-Christ, son fils, s’est fait homme et est mort sur la croix pour le salut des hommes. Et je vous le dis en vérité, Oliverie et Liberette, une goutte de son sang a coulé pour l’une et l’autre de vous.

Et il leur parla avec tant de chaleur des saints mystères que le cœur des deux sœurs