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sainte oliverie et sainte liberette

Or, Bertauld, fils de Théodule, roi d’Écosse, ayant reçu le saint baptême, vivait dans le palais de son père, moins en prince qu’en ermite. Enfermé dans sa chambre, il y passait tout le jour à réciter des prières et à méditer sur les saintes écritures, et il brûlait du désir d’imiter les travaux des apôtres. Ayant appris, par une voie miraculeuse, les abominations du pays Porcin, il les détesta et résolut de les faire cesser.

Il traversa la mer dans une barque sans voile ni gouvernail, conduite par un cygne. Heureusement parvenu dans le pays Porcin, il allait par les villages, les bourgs et les châteaux, annonçant la bonne nouvelle.

— Le Dieu que je vous enseigne, disait-il, est le seul véritable. Il est unique en trois personnes, et son fils est né d’une vierge.

Mais ces hommes grossiers lui répondaient :

— Jeune étranger, c’est une grande simplicité de ta part de croire qu’il n’y a qu’un Dieu. Car les Dieux sont innombrables. Ils habitent les bois, les montagnes et les fleuves. Il y a aussi des dieux plus amis qui prennent place au foyer des hommes pieux. D’autres,