Page:Anatole France - L’Étui de nacre.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
l’étui de nacre

plus tard, par la grâce de Dieu, à la prière d’un saint ermite. Parce qu’alors la nature mystique était révélée aux hommes et que les choses invisibles devenaient visibles pour la gloire du créateur, on rencontrait dans les clairières des nymphes, des satyres, des centaures et des égipans.

Et il n’est point douteux que ces êtres malfaisants n’aient été vus tels qu’ils sont décrits dans les fables des païens. Mais il faut savoir que ce sont des diables, comme il apparaît à leur pied, qui est fourchu. Malheureusement, il est moins facile de reconnaître les fées ; elles ressemblent à des dames et, parfois, cette ressemblance est telle, qu’il faut avoir toute la prudence d’un ermite pour ne pas s’y tromper. Les fées sont aussi des démons, et il y en avait beaucoup dans la forêt des Ardennes. C’est pourquoi cette forêt était pleine de mystère et d’horreur.

Les Romains, au temps de César, l’avaient consacrée à Diane, et les habitants du pays Porcin adoraient, au bord de l’Aisne, une idole en forme de femme. Ils lui offraient des gâteaux, du lait et du miel, et lui chantaient des hymnes.