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l’étui de nacre

sous sa moisson parfumée. Il suspendit des guirlandes de fleurs à l’autel rustique ; il le couvrit de violettes et dit gravement :

— Ces fleurs, au dieu qui les fait naître !

Et pendant que Célestin célébrait le sacrifice de la messe, le capripède, inclinant jusqu’à terre son front cornu, adorait le soleil et disait :

— La terre est un gros œuf que tu fécondes, soleil, soleil sacré !

Depuis ce jour, Célestin et Amycus vécurent de compagnie. L’ermite ne parvint jamais, malgré tous ses efforts, à faire comprendre au demi-homme les mystères ineffables ; mais, comme par les soins d’Amycus, la chapelle du vrai Dieu était toujours ornée de guirlandes et mieux fleurie que l’arbre des fées, le saint prêtre disait : « Le faune est un hymne de Dieu. »

C’est pourquoi il lui donna le saint baptême.

Sur la colline où Célestin avait construit l’étroite chapelle qu’Amycus ornait des fleurs des montagnes, des bois et des eaux, s’élève aujourd’hui une église dont la nef remonte au