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l’étui de nacre

route, dans le désert, des satyres et des centaures qui avaient confessé la vérité.

Il dit au faune :

— Faune, sois un hymne de Dieu. Dis : il est ressuscité.

— Il est ressuscité, répondit le faune. Et tu m’en vois tout réjoui.

Le sentier s’étant élargi, ils cheminaient côte à côte. L’ermite allait pensif et songeait :

— Ce n’est point un démon, puisqu’il a confessé la vérité. J’ai bien fait de ne le point contrister. L’exemple du grand saint Jérôme n’a point été perdu pour moi.

Et se tournant vers son compagnon capripède, il lui demanda :

— Quel est ton nom ?

— Je me nomme Amycus, répondit le faune. J’habite ce bois où je suis né. Je suis venu à toi, mon père, parce que tu as l’air assez bonhomme sous ta longue barbe blanche. Il me semble que les ermites sont des faunes accablés par les ans. Quand je serai vieux, je serai semblable à toi.

— Il est ressuscité, dit l’ermite.

— Il est ressuscité, dit Amycus.